Le rationnement
Lors de l'entrée en guerre, en septembre 1939, le gouvernement Daladier n'a pas adopté de système de rationnement, même si les textes existent (loi du 11 juillet 1938).
Les Français sont invités à moins consommer : les lundis, mardis et mercredis sont décrétés jours sans viande et sans gâteau ;
les boucheries sont fermées trois jours par semaine et surtout à partir de février 1940 instauration des cartes de rationnement.
Le maréchal Pétain, devenu depuis le 16 juin 1940 Président du Conseil, justifie la mise en place du rationnement pour assurer une répartition juste et égalitaire des denrées.
D'ailleurs, la collaboration elle-même est présentée comme un moyen d'alléger les souffrances matérielles et d'améliorer l'approvisionnement alimentaire des Français. Cela s'organise dans un contexte difficile, à savoir : la suspension du commerce extérieur, notamment les importations de denrées venues des colonies françaises, comme l'Algérie et son blé ; une main d'oeuvre masculine insuffisante puisque mobilisée ou prisonnière ; une pénurie en matériels, en engrais et enfin les ponctions importantes de l'occupant en conformité du traité d'armistice*.
*Un armistice est une décision politique et non militaire comme la capitulation, qui est la reconnaissance par l'état major d'une défaite.
La convention d'armistice signée par les gouvernements met fin aux combats, mais pas à la guerre. Dans son livre, Éric Roussel nous raconte pourquoi les dirigeants français ont choisi l'armistice (page 103).
L'arrêté du 9 mars 1940 complète le dispositif de rationnement. La population est partagée en sept puis en huit catégories qui déterminent la quantité de produits et des denrées par personne :
-Catégorie E: Enfants des deux sexes âgés de moins de trois ans.
-Catégorie J1: Enfants des deux sexes âgés de trois à 6 ans révolus.
-Catégorie J2: Enfants des deux sexes âgés de 6 à 12 ans révolus.
-Catégorie A: Consommateurs de 12 à 70 ans ne se livrant pas à des travaux de force.
-Catégorie T: Consommateurs de 14 à 70 ans se livrant à des travaux pénibles nécessitant une grande dépense de force musculaire.
-Catégorie C : Consommateurs de 12 ans et sans limite d'âge se livrant personnellement aux travaux agricoles
-Catégorie V : Consommateurs de plus de 70 ans dont les occupations ne peuvent autoriser un classement en catégorie C.
-est ajoutée une nouvelle catégorie, J3 pour les jeunes de 13 à 21 ans et les femmes enceintes.
De septembre à décembre 1940, de nombreuses lois et décrets posent les principes de l'organisation du système de collecte et de la répartition des produits agricoles. Les cartes d'alimentation nominatives sont créées et elles sont valables sur tout le territoire national. Elles permettent d'obtenir des tickets ou des coupons pour les denrées spéciales. Les mairies organisent des recensements afin que chaque personne remplisse une déclaration et soit ainsi classée dans une des catégories.
* Le numérotage de la carte d'alimentation : elle se divise en 2 parties : la catégorie du consommateur et son n° d'ordre donné par le Maire.
Pour l'obtenir, le demandeur doit impérativement présenter sa carte d'identité ou son permis de conduire ou son livret de famille ou un passeport de moins de 2 ans ou encore un certificat de domicile à son nom de moins d'un mois.
Le numérotage des cartes de vêtements : elle se divise en 3 parties
-les lettres pour l'immatriculation des automobiles pour la Hte-Savoie : QR
-le n° d'ordre de Chamonix : 116
-le n° d'ordre du consommateur est fixé par le Maire et inscrit dans la partie hachurée
Les premières cartes de rationnements sont distribuées* dès octobre 1940 pour les produits de base comme le pain ou la viande.
Les carnets de tickets ont une validité de six mois et portent le tampon de la ville où réside le détenteur de la carte d'alimentation. Tous les achats des consommateurs sont notés au dos des carnets: textiles, charbon, etc. ainsi que le cachet de l'épicier attitré. Les commerçants font chaque mois un inventaire des tickets reçus de leurs clients pour pouvoir se réapprovisionner auprès de leurs fournisseurs.
Des fermetures sont imposées, principalement des boucheries et des charcuteries qui ont dépassé leur quota d'abattage.
Pour faire fonctionner cette nouvelle organisation, trois corps spécialisés voient le jour à l'automne 1940 : le Contrôle des prix, le contrôle mobile du ravitaillement et la police économique. Le contrôle de la circulation et les méthodes autoritaires des agents du contrôle mobile du ravitaillement sont mal ressentis par la population car ils sont jugés comme injustes et humiliants.