La jeunesse
Pendant toute la guerre, l'État français s'est lancé dans une politique de propagande auprès de la jeunesse,
où l'exercice physique et la virilité forgent les jeunes hommes à relever « les défis de la France déchue » et l'apprentissage des activités ménagères aux jeunes femmes
pour leur future rôle de bonne épouse et de mère de famille.
Le régime de Vichy organise un culte à la jeunesse. Il crée des organisations comme les Chantiers de la jeunesse, qui remplacent le service militaire pour les jeunes démobilisés
de la zone occupée, c'est-à-dire âgés de 20 ans révolus ou 21 ans, qui est l'âge légal de la majorité à l'époque.
L'école des cadres d'Uriage (1) doit fournir les formateurs de la Révolution nationale et des 10 écoles régionales créées en août 1941.
Les dirigeants de cette école veulent incarner l'homme nouveau. Pour cela, il faut former des jeunes gens à l'encadrement dans l'armée, l'administration, l'industrie et l'enseignement.
Ils doivent devenir des chefs, des leaders. Les stagiaires ont une formation physique et intellectuelle avec une initiation à l'art.
Mais, l'école des cadres d'Uriage va s'opposer au gouvernement de Pétain : la Révolution nationale doit se faire avec l'adhésion des Français et non contraints par l'Occupation et
la Collaboration. L'école des cadres d'Uriage est dissoute par Pierre Laval en décembre 1942. Beaucoup de dirigeants, dont son fondateur Pierre Dunoyer de Segonzac, passent dans la Résistance.
D'autres organisations sont créées comme les Maisons des jeunes, les Jeunes du Maréchal
Toutes n'ont pas connu un grand succès et furent démantelées.
Certains jeunes gens entrent dans la Légion des volontaires français (LVF), dans la milice ou bien dans la brigade Charlemagne, voire la Waffen SS.
Mais l'instauration du service du travail obligatoire (S.T.O.) en février 1943 pousse des milliers de jeunes vers la clandestinité.
Contrairement aux craintes de l'Église catholique, le régime de Vichy n'est pas parvenu à créer une jeunesse unique.
Mis à part les « Jeunes du Maréchal » devenus collaborationnistes, des milliers de jeunes n'ont pas adhéré à la Révolution nationale et à la Collaboration.
Les enfants des deux zones n'ont pas le même quotidien jusqu'en novembre 1942.
Ceux en zone occupée sont en contact direct avec les Allemands, tandis que les autres sont pris en charge par la propagande de Vichy,
qui souhaite une quasi-militarisation de la vie quotidienne des enfants ; de plus, s'ajoute l'absence du père. Enfin, les enfants de familles juives et celles où un des parents est communiste,
résistant, gaulliste ou franc-maçon sont persécutés.
1 - Janine Bourdin, Des intellectuels à la recherche d'un style de vie : l'École nationale des cadres d'Uriage In Revue française de science politique, 9eme année, n°4, 1959, pp. 1029-1045.