La Révolution nationale

Le maréchal Pétain arrive au pouvoir le 16 juin 1940 comme Président du Conseil après la démission de Paul Reynaud. Le 10 juillet 1940 une nouvelle Constitution est votée : l'État français est né. Les pouvoirs législatifs et exécutifs sont fusionnés. Le maréchal Pétain est à la fois le chef de l'État et du gouvernement : il a les pleins pouvoirs.
La Révolution nationale et son programme culturel et politique trouvent son origine dans les idées de la droite nationaliste de l'époque. La victoire de l'Allemagne nazie a permis aux courants les plus réactionnaires de la société française d'arriver au pouvoir. Il s'agit de créer un « homme nouveau » pour une nouvelle société.

*Le travail est définit comme un régime social hiérarchisé fondé sur le corporatisme, c'est-à-dire une solidarité au sein d'une même « famille »/branche d'activité ou de métier. Ce sera la mise en place de la Charte du travail en 1941 où figurent notamment la suppression et le remplacement des syndicats par des corporations et la suppression du droit de grève.
La famille  devient l'entité « organique » de la Révolution nationale. C'est la cellule de base de l'organisation sociale.
Enfin la Patrie est considérée comme le cadre suprême. Le régime de Vichy ne dit rien ni sur le démantèlement du territoire en deux zones, ni sur l'annexion de l'Alsace-Lorraine mais il glorifie l'empire colonial et la marine de guerre.

La Révolution nationale peut se définir par :

- la stigmatisation des responsables supposés de la défaite, à savoir le régime de la IIIeme République, le Front populaire, les communistes, les Francs-maçons et les Juifs.

- la condamnation de l'égalitarisme et de l'individualisme libéral.

- le rejet du parlementarisme et du multipartisme.

- la volonté de restaurer la « France éternelle » (influence de l'idéologue de l'Action française, Charles Maurras).

- la devise : Travail, famille, patrie* remplace la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité ». La francisque devient l'emblème officiel de l'État français. Elle fut dessinée en juillet 1940 par Ehret, dessinateur chez Van Cleef. Elle associe à la fois le maréchalat et la hache utilisée par les Germains et les Francs.

- la mise en avant d'une société rurale, corporative et religieuse qui rejette le modernisme culturel et les élites urbaines.

- l'État est hiérarchique, autoritaire, social et national. Le pouvoir vient d'en haut : les chefs s'affirment de manière naturelle, forment des élites et le peuple les suivent. Le régime de Vichy voue un culte autour du maréchal Pétain, qui est omniprésent dans la vie quotidienne des Français.

- l'antisémitisme d'État : pour limiter l'« influence » des Juifs, ceux-ci ne peuvent plus travailler dans l'administration et un numérus clausus limite leur nombre à l'Université, parmi les médecins, les avocats, les cinéastes, dans le petit commerce, etc.

Ceux qui ont soutenu cette révolution nationale :

- la légion française des combattants, créée le 30/08/1940, regroupe des anciens combattants et devient en 1941 un organe de l'État français sous l'autorité directe de Pétain. Ils portent un uniforme : chemise brune, cravate noire, pantalon bleu marine et un béret marin (1).. Mais fin 1942, la Légion se décompose et certains s'engagent dans la Résistance.

- les partisans d'un fascisme à la française (Jacques Doriot, Marcel Déat) qui voient dans la Révolution nationale le premier pas vers un véritable régime fasciste et dictatorial.

- les réformateurs et les technocrates veulent profiter de la table rase de la défaite en juin 1940 pour laisser la place à de nouvelles expériences : coopératives, retour à la terre, économie planifiée, pouvoir aux ingénieurs, etc. à l'instar de l'École des cadres d'Uriage.

- la droite nationaliste de l'époque (Charles Maurras et l'Action française).

Le régime de Vichy porte une responsabilité dans la déportation des Juifs de France dont 80 % ont été arrêtés par la police française, mais aussi la mort de plusieurs dizaines de milliers de Juifs, de Tziganes, de prisonniers politiques et d'homosexuels dans les camps d'internements en France. À cela s'ajoutent les victimes de la répression par l'État français, à travers les crimes de la Milice.


1 - Signes de la collaboration et de la Résistance, catalogue de l'exposition de l'École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg, éditions Autrement/Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives [Ministère de la Défense], 2000, page 48.