Les moyens de locomotion
Vous comprenez que le moindre déplacement devient très compliqué.
Tout est à repenser et cela touche toutes les couches sociales : de nombreux véhicules ont été réquisitionnés par l'armée française en 1939, tout comme les chevaux.
Un nombre maximum de véhicules est autorisé dans les départements occupés et les préfectures commencent à distribuer les bons d'essence en septembre 1940.
A partir du 1er/09/1941, la circulation des voitures de tourisme, celles dites commerciales, des motos, des vélomoteurs, des bicyclettes et tricycles à moteur fonctionnant à l'essence,
est interdite de jour comme de nuit sauf autorisation spéciale, délivrée par la préfecture régionale, pour les voitures de police, les ambulances et celles des métiers de la santé.
Le vélo
Le vélo devient incontestablement LE moyen de transport des années quarante. Toute la France se met à faire du vélo. Voici deux reportages publiés dans la revue L'Illustration du 19/10/1940 et du 07/09/1940 sur le développement du vélo-taxi et du vélo-remorque. Jusqu'en 1942, son achat reste possible même si les classes moyennes ont du mal à s'en offrir un, même d'occasion. Le premier prix tourne autour de 1500 francs [soit 465 euros (1)].
*La France manque de tout et notamment de matière première. A partir d'août 1941, le régime de Vichy et les Allemands cherchent à récupérer les métaux non ferreux (cuivre, zinc, plomb) notamment pour fabriquer du sulfate de cuivre nécessaire au traitement des vignes. Un commissariat à la mobilisation des métaux non ferreux est créé. La Loi du 11 octobre 1941oblige à enlever les monuments en alliage cuivreux dans les lieux publics. Beaucoup de maires s'y opposent. La commune de Chamonix fait partie de ceux qui appliquent la loi et fait enlever trois statues en juin 1942 : les bustes du docteur Payot et de M. Durier ainsi que le médaillon de M. Chautemps. L'entreprise Jullien et Girard, basée à Grenoble, réalise ce travail.
Mais le gros problème reste à trouver des pneus, car il y a pénurie de caoutchouc. Vers 1942-43, au prix officiel, le premier modèle monte à 2000 francs [soit 420 euros (2)] ; au marché noir, le prix peut tripler voire quintupler.En zone occupée, chaque vélo doit porter une plaque d'immatriculation en métal jaune. Mais à cause de la pénurie de métal*, la plaque est remplacée par un laissez-passer.
Le gazogène
Le gazogène est inventé au XIXeme siècle pour alimenter des chaudières. Ce moteur dit « pauvre » est utilisé pendant cette guerre car face à la pénurie d'essence, il était facile à construire et à utiliser. Il en existe plusieurs modèles suivant le combustible utilisé (bois ou charbon) et le sens de la combustion (tirage par le haut ou par le bas ou à tuyère). En 1941, on estime 50000 camions et voitures roulant au gazogène. En 1944, le chiffre a doublé.
1 - Fabrice Grenard, La France du marché noir (1940-49), annexe 3 note sur le pouvoir d'achat du franc, p.316.
2 - Fabrice Grenard, La France du marché noir (1940-49), annexe 3 note sur le pouvoir d'achat du franc, p.316.